Un salut à Leonard Cohen
Leonard Cohen m'accompagne depuis mon adolescence.
Années de lycée où je découvrais "Bird on the wire", I have tried in my life to be free...
Années d'étudiante où je me cassais les dents sur les possibles sens cachés de "Suzanne takes you down to her place near the river..."
Années mélancoliques où "famous blue raincoat" illustrait mes tentatives difficiles de séparation d'un amour terminé...
Années de maturité où je méditais sur les multiples sens de l'Allelouia magistral, chanté par lui-même ou par Jeff Buckley...
Leonard Cohen, le roi de la polysémie, nous a quitté l'année passée et je le retrouve en grand sur la façade d'un building montréalais, nous faisant son petit signe familier de la main.
J'avais écouté cet hiver sur Youtube son "prince of Asturias speech" à l'occasion d'une remise d'un prix de poésie. Je me souviens de son discours modeste et profond.
"You are an old man and you have not said thank you." Tu es un vieil homme et tu n'as pas dit merci. Du bist ein alter Mann und du hast dich nicht bedankt.
Il évoque Federico Garcia Lorca qui lui a fait prendre conscience du fait qu'il avait le droit d'écrire de la poésie en suivant ses propres intuitions et son propre langage: "F.G: Lorca gave me a voice, a permission to find a voice."
Puis cette citation: "an award for poetry that no one commands and no one conquers",la poésie à qui personne ne commande et que personne ne conquiert. Dichtung, die niemand beherrscht und niemand erobert.
Et finalement cette phrase que je trouve si vraie et si difficile à traduire, et peut-être aussi difficile à mettre en pratique: " Never lament casually. If one is to express the great inevitable defeat that awaits us all, it must be done within the strict confines of dignity and beauty."
Ne jamais se lamenter machinalement. (par habitude? Sans y penser?) Si l'on doit exprimer l'inévitable défaite majeure qui nous attend tous, cela devrait être fait dans les limites strictes de la dignité et de la beauté."
Niemals zufällig wehklagen. (?) Wenn man die große unvermeidbare Niederlage, die uns alle erwartet ausdrücken will, sollte man es innerhalb der strikten Grenzen der Ehrwürdigkeit und Schönheit machen.
La Grande Défaite Inévitable qui nous attend tous, tout le monde la connaît. On y pense davantage au fur et à mesure que l'on avance en âge. Mais cela ne devrait pas nous empêcher de dire merci. (Have you said thank you old woman/old man?) Merci pour tous les cadeaux et les beautés que nous continuons malgré tout de rencontrer sur le chemin de "l'inévitable défaite!"
C'était ma page philosophique ;-)
Peut-être parce que je suis toute fiévreuse et grippée?
À bientôt, en bonne santé!