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Québec, Bavière: faits du même bois?
6 août 2018

Tous pareils, tous différents

Qu'avons-nous appris au cours de cette rencontre? Sur le mode "clin d'œil", on peut constater que les sept Allemands savent à présent prononcer "Saint Jean Port Joli", tandis que les sept Québécois n'hésitent plus guère sur "Oberammergau." Ces rencontres ont permis nombre de discussions qui nous ont apporté beaucoup à chacun. La "vieille" Europe rencontre le "nouveau" monde: on constate que les camping-cars ont ici la taille de cars de touristes, que les motos sont aussi volumineuses que des voitures à trois roues et sans toit, que les paysages sont plus vastes, que les villages s'étendent à l'infini, que les maisons ne semblent pas très bien isolées pour résister au froid de l'hiver...

 Il serait exagéré de parler de "choc culturel", mais nous constatons des différences. Dans ce qui a trait aux normes et aux conceptions des choses et du monde. C'est alors qu'il faut faire le guet en apprenant à reconnaître ses jugements de valeurs quand on croit "décrire" objectivement. Se méfier des phrases essentialistes, (les Québécois SONT comme ci, les Allemands SONT comme ça), des phrases négatives (ils n'ont même pas de...) et trouver pour l'élément à première vue bizarre une interprétation dont la validité soit vérifiable. (Ces recommandations se trouvent dans le "Dictionnaire de l'altérité et des relations interculturelles" ;-)

Notre arrière-plan culturel n'est pas si différent. Nous sommes bien tous de culture occidentale, avec des racines gréco-romaines et chrétiennes. Mais peut-être y sommes-nous davantage liés/rattachés en Europe? Thomas H. joue avec les époques dans ses œuvres. Même si nous ne les avons pas vues en réalité, nous connaissons certaines œuvres de l'Antiquité, du Moyen-Âge, la Dame à la Licorne, l'art roman, les cathédrales, l'autel d'Isenheim, le baroque... peut-être les avons nous rencontrés dans nos livres d'histoire ou pendant un voyage. Elles nous entourent et sont d'une certaine manière familières. Nous sommes "lourds" du poids de tous ces siècles accumulés sur nos épaules.

L'histoire ancienne est-elle moins présente dans le nouveau monde? Sans doute l'étudie-t-on aussi,  mais elle est moins concrète. Et c'est sans doute une raison pour laquelle il y a tant de musées divers et variés ici : musée de la moto, des Anciens Canadiens, de la bataille de Ristigouche, de la mémoire vivante, de la rivière Cascapédia, des Acadiens... Ici aussi, il semble qu'on désire un ancrage dans la mémoire et des racines, simplement, celles-ci sont différentes et plus récentes.

Une Québécoise m'a parlé des relations complexes avec la religion. L'autorité cléricale absolue qui a régné si longtemps, les abus sexuels, les abus par rapport aux premières nations, dépouillées de leur culture et de leurs propres enfants. Toutes ces raisons font que la sculpture du Christ de Thomas H. est contextualisée de manière différente. Et c'est d'ailleurs ce qu'a fait volontairement l'autre Thomas S.: mettre un concept européen dans un contexte américain. "Die Geburt der Tragödie" change de sens dans son nouvel environnement. On peut s'y intéresser ou non, dit-il; il n'y a pas qu'une seule lecture possible. Et l'on pourrait sans doute en dire autant de chaque œuvre réalisée ici.

L'autre côté, c'est la découverte assez réjouissante des similitudes qui nous lient: certes, chaque artiste, chaque personne est fait d'un bois différent. Mais on m'a dit aussi : soit on est tous d'un bois différent, soit on est tous du même bois, et la nationnalité n'y joue qu'un rôle mineur: tous pareils, tous différents.

Ce que tous soulignent, c'est à quel point la rencontre a, dès le départ, bien fonctionné, combien elle a été fructueuse, combien c'était exaltant et facile, finalement, de développer un travail commun. Un voyage touristique sans ce but défini n'aurait jamais pu être aussi intense dans l'échange et le dialogue. Tous les groupes ont aussi communiqué entre eux et avec d'autres, extérieurs aux duos, par le biais de l'art. (Comment ça se passe pour vous, comment ça continue,  quels problèmes apparaissent, etc.) Une artiste s'étonnait de voir à quel point "ils pensaient pareil."

"Kunst verbindet einfach" (Johanna) : ce qui nous rapproche, c'est l'art.

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Discuter en dégustant un "souper bavarois"...

Il va être temps bientôt que je commence à vous parler de Carleton sur Mer, de la Gaspésie, des Premières Nations et des Acadiens.

Alors à bientôt!

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Commentaires
C
Tout à fait d'accord avec tes belles réflexions!<br /> <br /> Il faut toujours s'efforcer d'appréhender l'autre dans son altérité et se méfier des identifications rapides entre même nationalité, même si la communication est plus fluide.<br /> <br /> Moi, j'aime bien l'idée des bains de culture. Chez les Schtroumps, on nait tous bleus. Puis, au contact d'autres bains de culture (qui vont plus loin que le tourisme), on s'enrichit d'autres couleurs.
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L
Coucou ! Contente de te lire et voir ce que tu as capté en images, merci.<br /> <br /> Beau travail de mémoire.<br /> <br /> À bientôt pour la suite.<br /> <br /> Natalie
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Québec, Bavière: faits du même bois?
  • En juillet 2018 aura lieu à Saint-Jean-Port-Joli une Biennale de la Sculpture réunissant 7 artistes québécois et 7 artistes bavarois qui travailleront en tandem. Ce Blog accompagnera et documentera leur travail et fera découvrir leur environnement.
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